Voici le classement et la synthèse du top "César du meilleur film" !
Les Césars sont donc apparus pour la 1ère fois en 1976, pour faire pendant aux Oscars américains, lesquels, eux, sont en place depuis beaucoup plus longtemps, en 1929, même s'ils n'ont pris la tournure actuelle qu'en 1944 ( il ne s'agissait avant que d'un banquet entre initiés ) dans une salle de spectacle, complétée d'une retransmission TV à partir de 1953.
La France, prenant le train en marche, a logiquement adopté ce format dès la création des Césars ( nom donné en raison du créateur des trophées, le sculpteur César ), mais, et même si cela n'entre pas en ligne de compte au niveau du palmarès, la soirée de remise des récompenses, pourtant réalisée globalement sur le même canevas, est infiniment plus fun et plus en mode "spectacle" chez les Américains ( qui n'oublient jamais leur crédo de base : "That's Entertainment" ) qu'en France . Des maîtres de cérémonie comme Billy Cristal
, Steve Martin ou plus récemment Hugh Jackman, ont fait rire public US et téléspectateurs du monde entier, quand, pendant très longtemps, les présentateurs Français, il faut bien l'avouer, se sont montrés relativement sinistres pour des soirées interminables de monotonie ! L'académie des Césars a enfin fini par le comprendre et l'admettre - mais depuis seulement une petite quinzaine d'années - et donne maintenant les clefs du camion à des humoristes ( Alain Chabat, Antoines De Caunes, Florence Foresti, récemment Kad Mérad ..... ) qui, avec l'appui de communicants professionnels et d'auteurs de textes (plus ou moins réussis
), agrémentent ces soirées de façon plus distrayantes que les premières moutures ( avec des moyens Français
, très inférieurs à ceux du cinéma US : il ne faut quand même pas trop en demander
) .
Par contre, là où le différentiel n'a pas trop changé entre les Etats-Unis et la France, c'est au niveau des titres nominés : les Américains ont toujours eu nettement tendance à privilégier le cinéma grand-public et des films ayant réalisés un bon - voire excellent - box-office ( ce que d'aucuns n'ont pas manqué de stigmatiser en soulignant qu'ils allaient au secours du succès
), alors que l'académie des Césars a largement toujours trouvé de bon ton de nominer très majoritairement des films que l'on peut qualifier de "plus difficiles d'accès" . Coluche, quand il avait reçu son césar d'interprétation pour "Tchao Pantin" en 1984, n'avait d'ailleurs pas manqué, avec son humour sans-filtre
, de relever la chose
!
Heureusement - et ce top, malgré une modeste participation, va, je crois, le prouver - des films plus populaires, mais d'excellente qualité ( ce n'est heureusement pas incompatible
) ont eu aussi les honneurs des nominations et des récompenses finales !
Avec 2 ex-aequos en 1984, c'est donc à ce jour 45 titres qui ont reçus la récompense majeure, celle qui clôt chacune de ces soirées, et nous en avons ici classé 34 sur les 45 en question ( donc, 11 n'ont pas trouvé grâce à nos yeux !! ), parmi lesquels les mieux placés ont globalement été aussi de jolis succès en salle !
1er - LE FABULEUX DESTIN D'AMELIE POULAIN , césar 2002 , de Jean-Pierre JEUNET .
91 points pour 13 citation sur 16 votants .
Film au charme incontestable et au scénario très original, qui a consacré la carrière alors très jeune ( débutée en 1998 ) d' Audrey Tautou , laquelle était surtout connue pour sa participation au "Vénus-beauté-institut" de Tonie Marshall 2 ans plus tôt ( également César du meilleur film, en 2000 ). L'intrigue, difficile à résumer sur un pitch, et plutôt constituée de saynètes que par une ligne scénaristique précise, prend toute sa valeur sur l'ambiance que Jeunet a su créer, typiquement Parisienne mais surtout Montmartroise, dans un des quartiers les plus caractéristique de l'âme de la capitale . Plus de 9 millions d'entrées en France, mais aussi plus de 30 à l'international, ce qui en fait à ce jour le cinquième plus gros succès mondial du cinéma Français, derrière "Intouchables" ( 51 millions ), "Le 5ème élément" et les 2 premiers "Taken" ( mais si, c'est Français
) .
Chose amusante, même si elle reconnaît que ce film a été le marqueur principal de sa carrière, A. Tautou ne supporte plus du tout l'affiche et sa coupe au carré sur fond vert
aujourd'hui quasi mythique !
Ce métrage a été, au fur et à mesure de vos votes, longtemps second, pour finalement coiffer la médaille d'argent finale sur le poteau, avec deux 1ères places ( Pierrot44 et c2302t ) sur les 3 derniers top proposés, alors que le leader au 12ème top a fait du sur-place total sur les 4 derniers classements
. Cinq d'entre vous l'ont classé 1er !
2 - LE VIEUX FUSIL , césar 1976 , de Robert ENRICO .
89 points pour 12 citations sur 16 votants .
Philippe Noiret et Romy Schneider ont tous les deux eu une carrière hors-norme dans le cinéma Français, mais ce film est sans conteste un fleuron de leurs filmographies respectives .
C'est le premier César du meilleur film, décerné lors de la toute première cérémonie, en 1976, et remis par Jean Gabin en personne, président de la soirée, qui allait malheureusement décéder quelques mois plus tard, et qui avait pour l'occasion, dans l'émotion générale, retrouvé sur scène sa très grande partenaire de "Quai des brumes", Michèle Morgan . Les critiques que - désolé
- je qualifierais personnellement "d'intellos" ( et "Les cahiers du cinéma" s'étaient déchaînés ), n'ont pas manqué de déplorer
cette récompense pour un film par excellence "grand public", eux qui l'auraient attribué beaucoup plus volontiers à d'autres cinéastes ( on avait parlé à l'époque de Benoît Jacquot
) nettement plus proches de la tendance nouvelle vague . Pour autant, le film, après un démarrage quand même difficile
, a, grâce à un excellent bouche-à -oreille, conquis les salles en approchant au final les 3,5 millions entrées, et, sur vote du public, gagné ses derniers lauriers en obtenant en 1985 le césar des césars pour les 10 ans de leur création .
Bizarrement, il a longtemps attendu
une bonne édition technique en vidéo, se contentant d'un DVD de piètre qualité qui, du coup, se revendait à prix d'or sur le marché de l'occasion vu sa rareté . Cette incongruité a été réparée depuis quelques années avec un Blu-Ray très correct, mais qui n'atteint pas pour autant des sommets de qualité . L'édition "ultimate" reste à faire !
L'histoire est tirée d'un horrible fait de guerre, le massacre par les nazis de la petite ville d'Oradour-sur-Glane, probablement le crime de guerre le plus atroce qui se soit déroulé en France, après le débarquement, alors que la défaite allemande était déjà inéluctable ! Le site d'Oradour est aujourd'hui quasiment devenu un lieu de pèlerinage et un mémorial du souvenir.
Philippe Noiret et Romy Schneider y sont sublimes de vérité, et la scène en flash-back de la mort de R. Schneider est une des plus choquantes et des plus poignantes du cinéma Français !
Il est longtemps resté en tête des votes avant de se faire coiffer sur le fil par Amélie Poulain
!
3 - LE PIANISTE , césar 2003 , de Roman POLANSKI .
82 points pour 13 citations sur 16 votants .
Ce film, réalisé en 2002 par Roman Polanski, est tiré de l'autobiographie du pianiste Polonais Wladislaw Szpilman, lequel avait réussi, grâce aux résistants et à l'insurrection polonaise, à s'échapper du ghetto de Varsovie pour vivre caché dans les ruines de la ville, jusqu'à la libération par les troupes soviétiques. Sur les derniers temps, il avait été aidé par un officier Allemand, mais non nazi, lequel , amoureux de grande musique et impressionné par ses qualités de pianiste, ne l'avait pas dénoncé à la Gestapo et lui avait apporté de la nourriture. Polanski, qui lui, alors enfant ( environ 10 ans ), avait pu fuir le ghetto de Cracovie ( sa famille, comme celle de Szpilman, a disparu dans la Shoah ), a absolument voulu réaliser ce film pour limite exorciser ses atroces souvenirs d'enfance de la Pologne occupée et des ghettos juifs ( il y en eut 5 en Pologne ).
Il s'était en grande partie retrouvé dans l'histoire de Szpilman, bien que leur âge et leur ghetto ne furent pas les mêmes . De plus, traumatisé par ses souvenirs d'enfance, Polanski, après quelques hésitations, avait auparavant refusé de réaliser "La liste de Schindler" que Steven Spielberg lui avait proposé. Mais, à la lecture du livre de Szpilman, et probablement avec quelques regrets d'avoir "manqué" Schindler , il s'est rabattu avec conviction sur cette histoire, qui lui a rapporté la palme d'or à Cannes en 2002, le double César ( film et metteur en scène ) en 2003, avec l'Oscar ( et même le Goya en Espagne ) en prime la même année. Cette dernière récompense lui a été remise par Harrison Ford au festival de Deauville 2003, Polanski ne pouvant se rendre aux Etats-Unis en raison de ses démêlés avec la justice Américaine .
Le rôle-titre est tenu par Adrien Brody ( King-Kong, de P. Jackson ), très convaincant dans une interprétation pour laquelle il a obtenu le César du meilleur acteur . Au début de ce top, je n'avais pas encore vu ce film, mais je me doutais de ses grandes qualités par ce que j'avais pu en lire et en entendre. Je l'ai incorporé sans aucune hésitation à mon classement après visionnage
!
4 - LA GUERRE DU FEU , césar 1982 , de Jean-Jacques ANNAUD .
68 points pour 12 citations sur 16 votants .
En 1981 ( année qui m'a marqué - début de ma vie professionnelle - et sur laquelle j'ai beaucoup de souvenirs ), j'avais entendu parler de l'arrivée prochaine de ce film . Mais j'étais très pessimiste sur la qualité, pour deux raisons : d'abord, je ne connaissais J.J. Annaud que par "Coup de tête", comédie au demeurant sympathique mais qui alors ne m'avait pas semblé non plus devoir atteindre le pinacle du cinéma ( je n'avais pas vu "La victoire en chantant", je manquais donc de recoupements, mais même son tout 1er film n'indiquait pas encore ce qu'il allait devenir ). Ce metteur-en-scène semblait être alors pour moi un "faiseur" de plus dans le paysage cinématographique Français du moment, certes correct mais sans génie, et à des années-lumières du savoir-faire Américain .
De plus - et surtout - ce que j'avais vu avant de la préhistoire au cinéma ( prioritairement avec des dinosaures
) relevait nettement plus du nanar ( "Le sixième continent", "La vallée de Gwangi", "Un million d'années avant Jesus-Christ" ........... )
que du bon film. Moi qui avait toujours été passionné par la préhistoire ( je le suis encore
), j'en étais arrivé à penser que restituer l'aube de l'humanité sur écran relevait de la gageure, et que cette "Guerre du feu" s'annonçait mal
!
Puis, à sa sortie, je me suis quand même décidé à aller voir çà ! Dès la scène d'ouverture, avec ce cro-magnon assis à côté d'un feu et attrapant un gros insecte pour le bouffer, j'ai eu un choc, et j'ai tout de suite su que j'allais voir un excellent film
! Enfin un cinéaste arrivait à rendre sur écran l'image plus ou moins consciente que je m'étais toujours fait de nos ancêtres préhistoriques ! A la fin, j'étais tellement enthousiaste que je suis resté à la permanence pour le voir illico une seconde fois, et aujourd'hui encore, ce film reste un de mes préférés au coeur du cinéma Français . Annaud a très vite confirmé ensuite ce statut et son talent avec l'immense chef-d'oeuvre qu' est "Le nom de la Rose"
! Bien évidemment, ce n'est qu'une fiction, et les spécialistes ont tous reconnu les inexactitudes chronologiques que J.J. Annaud décrit dans dans son histoire, mais sous l'angle du spectacle, c'est du grand cinéma !
Par la suite, seul Ron Perlman a confirmé une carrière d'acteur très correcte ( Everett McGill a vite disparu des radars, et je ne me rappelle même pas du nom du 3ème ), mais les 3 comédiens ainsi que la jeune Rae Dawn Chong m'avaient fasciné pendant 1H40. Aujourd'hui, à plus de 60 balais, je classe encore ce film à la 1ère place de tous les films césarisés, devant même les deux premiers de ce top !
5 - LA HAINE , césar 1996 , de Mathieu KASSOVITZ .
59 points pour 8 citations sur 16 votants .
Vu l'évolution sociale des banlieues depuis la fin du 20ème siècle, les différentes émeutes qui ont eu lieu dans ce que l'on appelle communément "les quartiers chauds", et le développement permanent de la culture de la rue ( principalement social, mais aussi artistique avec le rap, le hip-hop et le street-art ), on peut considérer que le métrage de Kassovitz est probablement le film emblématique de ce qu'on définit par euphémisme comme le "malaise des banlieues" .
Je suis très mal placé pour émettre un avis sur ce film, pour la simple raison que je l'ai pas vu. Je ne pourrais donc répéter que des lieux communs entendus à gauche - à droite, ce qui je pense n'apporterait pas grand chose, ni aucun éclairage particulier . Je ne cacherai pas que c'est un contexte que j'évite, que tout ce qui relève des bandes et gangs, du rap et du street-art ( j'ai une sainte horreur des tags sur les murs
, et le rap me déchire les oreilles ) m' horripile beaucoup plus qu'autre-chose . Je ne doute pas que le film en lui-même soit réussi ( on ne donne pas un César ou toute autre récompense par hasard ), mais, même si l'on pourrait me reprocher de pratiquer en l'occurrence la politique de l'autruche, c'est un contexte auquel je n'ai strictement aucune envie de m'intéresser . Si, après cette synthèse, l'un d'entre vous ( 8/16 l'ont placé dans leur top ) désire prendre le clavier pour apporter un éclairage ou un ressenti personnel sur le film, il sera le bienvenu.
J'ai juste lu qu'à la sortie du film, Kassovitz avait déclaré avoir voulu faire un brûlot social "anti-flic", pour finir par dire nettement plus tard que son film était une comédie, qu'on y rigole tout le temps, et qu'il n'a rien à voir avec la vraie vie des cités. Comprenne qui pourra !
6 - THE ARTIST , césar 2012 , de Michel HAZANAVICIUS .
54 points , pour 8 citations sur 16 votants .
Même si l'idée avait, sous une autre forme, été déjà utilisée par Mel Brooks dans "Silent Movie" (1976, intitulé en France "La dernière folie de Mel Brooks"), le principe de réaliser de nos jours un film muet pouvait s'avérer particulièrement casse-gueule.
A l'arrivée, le film est globalement considéré dans le monde entier comme un succès artistique et commercial, césarisé en France, oscarisé aux Etats-Unis, couverts de Golden Globes , de BAFTA et autres récompenses, assorti d'un box-office très honnête ( plus de 3 millions de spectateurs en France , 13 millions à l'étranger ) sans être pour autant exceptionnel .
Par contre, d'aucuns , et même avant le déchaînement médiatique de l'affaire de moeurs Weinstein , n'ont pas manqué de souligner que ce grand succès, au niveau des récompenses, était sans doute beaucoup plus dû au lobbying et aux réseaux d'Harvey Weinstein ( la "machine à Oscars" ) qu'aux réelles qualités intrinsèques du film . Sachant qu'une grosse part de la fréquentation, logiquement, s'est faite après l'attribution des awards, quid d'un réel succès public spontané .................
Personnellement, le délire de Mel Brooks m'avait plus amusé (sans pour autant me faire tordre de rire ) que le film d'Hazanavicius, et , sur la transition cinéma muet-cinéma parlant, je reverrai 10 fois "Chantons sous la pluie" que je n'aurai pas trop envie de revoir "The artist", lequel m'a laissé souvent dubitatif
!
Néanmoins, les interprétations de Jean Dujardin et de Bérénice Béjo restent très estimables ( mais cela valait-il pour autant un Oscar d'interprétation ? ), et l'hommage au cinéma muet est bien sûr tout-à -fait recevable. En tout cas, c'est un métrage qui ne laissera personne indifférent, les pour et les contre ayant à mon sens parfaitement tendance à s'équilibrer ( 8 citations / 16 dans ce top ) .
7 - LES RIPOUX , césar 1985 , de Claude ZIDI .
48 points , pour 8 citations sur 16 votants .
En 1984, Claude ZIDI avait surpris tout le monde avec ce film. Avant "Les Ripoux", il s'était fait connaître par les premiers films des Charlots
, des collaborations avec Pierre Richard ( pas les meilleures ), puis s'était quand même amélioré un peu avec du Bébel, du de Funès ou du Coluche . Chantre du cinéma axé sur la comédie que l'on qualifiait vite de "facile", il était apprécié du "public du samedi soir" (non péjoratif), mais pas véritablement reconnu par la profession, et carrément méprisé par la critique malgré de gros succès populaires comme "Les sous-doués", "L'aile ou la cuisse" ou "Inspecteur la bavure" . Arrive donc cette année 1984 où là , il sidère tout le monde, critiques compris, avec ce "Ripoux" parfaitement maîtrisé qui va vite devenir un classique instantané de la - bonne - comédie Française ! La surprise est tellement forte, agrémentée d'un excellent box-office, que l'académie des Césars va carrément lui décerner celui du meilleur film, du meilleur metteur en scène ( inimaginable encore un an avant ) plus celui du meilleur acteur pour Philippe Noiret ( qui ne s'y attendait certainement pas
en signant pour un film avec C. Zidi
) .
Ce sera son bâton de maréchal, car par la suite, jusqu'à son dernier film en 2003, il ne réussira pas à renouveler l'exploit, malgré deux suites à son grand succès, nettement moins réussies ( le 2ème Ripoux est d'ailleurs illogique par rapport à la fin du 1er
, et il vaut mieux jeter un voile pudique sur le 3ème opus, qui a d'ailleurs été son dernier film en 2003 ).
A noter que le mot "Ripoux", que seuls les adeptes du verlan connaissaient avant ce métrage, est, par la grâce du film , entré ensuite dans le vocabulaire courant des Français, devenant même officiellement le 8ème mot en "ou" ( Hibou, caillou, genou ......... ) de la langue Française prenant un "X" au pluriel
! Un des secrets de la réussite du film vient aussi très certainement de la très grande complicité du duo Noiret-Lhermitte, qui sont par la suite devenus les meilleurs amis du monde !
8 - AU REVOIR LES ENFANTS , césar 1988 , de Louis MALLE .
45 points , pour 9 citations sur 16 votants .
Film en partie autobiographique de Louis Malle, même si beaucoup d'éléments sont romancés .
Le réalisateur avait en effet vécu ces évènements, dans le pensionnat qu'il fréquentait pendant la guerre 39-45, avec l'irruption de la Gestapo qui , en janvier 44 , était venue arrêter 3 enfants juifs que le prêtre-directeur du collège ( lui-même également arrêté, sur dénonciation ) avait intégrés dans le pensionnat sous de faux noms pour les protéger des nazis . Ils n'en sont jamais revenus
!
Louis Malle, dans la réalité, n'avait pas réellement lié amitié avec le jeune Bonnet ( Kippelstein de son vrai nom ), personnage central du film, mais, traumatisé par ce qu'il avait vécu lors de l'arrestation, il a tellement regretté de ne pas avoir mieux partagé du temps d'amitié avec le jeune garçon déporté, qu'il a absolument voulu réaliser ce film pour s'extirper de la tête ce sentiment de culpabilité qu'il en avait toujours conservé .
Comme pour "Le pianiste", je n'avais pas encore vu ce film au début du top ( en fait très partiellement ), et c'est celui que j'ai attendu de pouvoir me passer pour boucler cette synthèse . Sur le fond, l'histoire m'a ému et réellement intéressé. Sur la forme, hélas, j'ai trouvé la mise en scène passablement plan-plan ( bon, le sujet ne se prêtait sans doute pas à un thriller
), et - comme à sa fréquente habitude, L. Malle ayant souhaité distribuer ses rôles à des non-professionnels pour les gosses - la narration relativement plombée au niveau des dialogues quand - ce qui est mon cas - le "parler-faux" ( dont Jean-Pierre Léaud a été le porte-étendard du cinéma Français
, je l'ai souvent dit dans ces colonnes ) triture hélas l'oreille de façon quasi permanente
! Il avait d'ailleurs fait de même avec son comédien principal, Pierre Blaise, dans son "Lacombe Lucien", et avec le jeune Benoït Ferreux dans "Le souffle au coeur", deux prestations d'acteurs il faut bien l'avouer assez moyennes ( j'ai vu les deux ) . Cela n'a pas empêché le film de recevoir le prix Louis Delluc, le lion d'or à la Mostra de Venise, et 7 césars en 1988, dont 5 techniques en plus du meilleur film et du meilleur metteur en scène . Cela m'a par contre empêché
de le placer personnellement dans le présent classement, mais 9 d'entre vous l'ont fait pour permettre de l'intégrer à la 8ème place de ce top 10 sur les 34 cités !
9 - CYRANO DE BERGERAC , césar 1991 , de Jean-Paul RAPPENEAU .
43 points pour 7 citations sur 16 votants .
Le grand classique théâtral d'Edmond Rostand a été le sujet de nombreuses adaptations tant sur les planches qu'au cinéma. Le 7ème art, avec 6 réalisations ( dont 3 muettes ) avant celle de Rappeneau, a retenu surtout les interprétations de Claude Dauphin en 1946 et de José ferrer en 1950 dans la version Américaine. Mais, pour la France, on admet communément que le meilleur Cyrano a été Daniel Sorano ( l'excellent Richelieu
de la version 1961 des " Trois mousquetaires " de Bernard Borderie ), dans le téléfilm de Claude Barma en 1960.
En 1990 , J. P. Rappeneau décide de dépoussiérer le chef-d'oeuvre de Rostand pour en faire autre chose que du théâtre filmé, en l'occurrence un vrai film à l'action éclatée et aux décors très différents les uns des autres . Le choix du comédien n'a pas posé grand problème, tant, par sa présence et sa truculence, Gérard Depardieu semblait naturellement s'imposer . Et, effectivement, il va fournir là ce qui est sans conteste ( on peut ne pas être d'accord
) la meilleure prestation de sa carrière ( et qui a toutes les chances de le rester ) devant la caméra. Il est ici un Cyrano de haute volée, qui associe son "panache" personnel à celui du personnage !
Je ne suis personnellement pas très sûr qu' Anne Brochet ait été la meilleure Roxanne qui soit
, mais cela n'altère en rien la grande qualité du film qui a fait une razzia aux césars 91, raflant ceux du meilleur film, de la meilleure mise en scène et du meilleur acteur pour Depardieu, assortis des costumes et du second rôle masculin ( Jacques Weber ), avec 5 autres Césars techniques en prime, soit 10 en tout ! Depardieu partait même dans les médias comme un possible favori aux Oscars Hollywoodiens, mais cela n'a pas dû plaire à certains lobbyistes US, qui ont rapidement trouvé un angle d'attaque pour tuer dans l'oeuf un éventuel couronnement à la statuette dorée . En effet, peu de temps avant, lors d'une interview donnée à la presse Française, Depardieu, originaire d'une jeunesse des zones défavorisées, avait confié au journaliste qu'à cette époque, il avait parfois assisté à des viols dans son quartier d'enfance . J'ignore comment la chose a été présentée dans la presse américaine, mais c'est vite devenu "Depardieu a participé dans sa jeunesse à des viols collectifs"
, zappant complètement qu'il n'y était certainement pour rien pour la bonne raison qu'il n'avait que 8 ou 9 ans au moment des faits ! Cela a pourtant suffi pour faire retomber comme un soufflé son statut de favori pour l'oscar masculin
! Quand il est venu chercher sur scène son césar pour ce rôle, utilisant alors une réplique de son personnage, il a conclu par : "Je leur laisse l'Oscar, et je garde mon panache"
!
Tout dans l'adaptation de Rappeneau est remarquable, de la reconstitution de l'époque à l'excellence des costumes, et surtout la défense du texte d'origine que metteur en scène, scénariste et dialoguiste ( Jean-Claude Carrière ) ont par moments légèrement modifiés ou raccourcis tout en respectant largement le principal, dont bien évidemment la mythique tirade du nez. C'est du très grand cinéma Français !
J'ai nettement moins apprécié ce que Depardieu est devenu
ces dernières années, mais à ce moment-là , il était incontestablement un des ténors de nos comédiens !
10 - RIDICULE , césar 1997 , de Patrice LECONTE .
28 points pour 7 citations sur 16 votants .
L'histoire, à priori totalement imaginée, conte le venue en Cour du Roi Louis XVI d'un hobereau ( donc quasiment désargenté ) de province, le baron Ponceludon de Malavoy (Charles Berling), pour trouver des fonds afin d'assainir les marécages de sa région, cause d'épidémies particulièrement meurtrières . Mais approcher le Roi est chose infiniment difficile, surtout quand on n'est pas courtisan ! Le baron se rend vite compte que la seule démarche possible est de participer au petit jeu en vogue à la cour, à savoir faire oeuvre d'humour et d'esprit pour s'attirer les faveurs du souverain .
Il va alors se heurter à une caste de nobles serviles prêts à tout pour conserver leurs privilèges, menés par la Comtesse de Blayac (Fanny Ardant) et l'abbé de Villecourt (Bernard Giraudeau), mais va trouver de l'aide auprès du marquis de Bellegarde (Jean Rochefort). Le piège principal dans lequel il ne faut surtout pas tomber, ne serait-ce qu'une seule fois (la sentence est alors sans appel), est de sombrer dans le ridicule qui, dans ce contexte, s'il ne tue pas physiquement, est une peine de mort aristocratique ! Les courtisans en place, pour conserver leur prééminence, vont tout faire pour faire tomber ce jeune nobliau aux yeux du Roi !
Cette comédie dramatique Historique, particulièrement originale, a récolté 4 césars en 1997, ajoutant, comme souvent pour les films historiques à succès, les trophées du décor et des costumes aux césars majeurs du meilleur film et du meilleur réalisateur .
C'est le film qui a réellement établi la position de Charles Berling comme acteur "bankable" dans le paysage cinématographique Français, malgré une carrière déjà commencée depuis presque 15 ans, mais ne comportant alors qu'un seul vrai succès 2 ans plus tôt, le "Nelly et Mr Arnaud" de Claude Sautet, dans lequel il n'avait pas le 1er rôle (dévolu à Michel Serrault) .
L'intrigue de ce "Ridicule" est très savoureuse mais particulièrement cruelle, plaçant la superficialité humaine et les intérêts égoïstes bien avant les enjeux humains, symbolisant parfaitement la décadence de cette noblesse qui allait bientôt tomber avec la Révolution Française ! C'est d'ailleurs avec le gouvernement révolutionnaire que l'ex-baron, devenu Citoyen Grégoire Ponceludon en même temps qu'ingénieur hydrographe, trouvera le financement afin d'assainir les terres de sa région pour le bien des paysans !
11ème - Mr KLEIN , de Joseph LOSEY , césar 1977 : 26 points , 5 citations .
12ème - TOUS LES MATINS DU MONDE , d' Alain CORNEAU , césar 1992 : 25 points , 5 citations .
13ème - LA BALANCE , de Bob SWAIM , césar 1983 : 23 points , 6 citations .
14ème - ELLE , de paul VERHOEVEN , césar 2017 : 20 points , 4 citations .
15ème - UN PROPHETE , de Jacques AUDIARD , césar 2010 : 19 points , 5 citations .
16ème - TIMBUKTU , d' Abderrahmane SISSAKO , césar 2015 : 19 points , 3 citations .
17ème - TROIS HOMMES ET UN COUFFIN , de Coline SERREAU , césar 1986 : 16 points , 5 citations.
18ème - ON CONNAIT LA CHANSON , d'Alain RESNAIS , césar 1998 : 14 points , 3 citations .
19ème - CAMILLE CLAUDEL , de Bruno NUYTTEN , césar 1989 : 13 points , 2 citations .
20ème - LA GRAINE ET LE MULET , d'Abdellatif KECHICHE , césar 2008 : 12 points , 3 citations .
21ème - A NOS AMOURS , de Maurice PIALAT , césar 1984 : 12 points , 2 citations .
21ème - LADY CHATTERLEY , de Pascale FERRAN , césar 2007 : 12 points , 2 citations .
23ème - JUSQU'A LA GARDE , de Xavier LEGRAND , césar 2019 : 11 points , 2 citations .
24ème - LE GOÛT DES AUTRES , d'Agnès JAOUI , césar 2001 : 09 points , 2 citations .
25ème - SERAPHINE , de Martin PROVOST , césar 2009 : 08 points , 2 citations .
26ème - LES GARCONS ET GUILLAUME : A TABLE , de G. GALLIENNE, césar 2014 : 7 pts, 1 citation.
26ème - PROVIDENCE , d'Alain RESNAIS , césar 1978 : 07 points , 1 citation .
28ème - TROP BELLE POUR TOI , de Bertrand BLIER , césar 1990 : 05 points , 2 citations .
29ème - DES HOMMES ET DES DIEUX , de Xavier BEAUVOIS , césar 2011 : 04 points , 1 citation .
30ème - LES NUITS FAUVES , de Cyril COLLARD , césar 1993 : 03 points , 1 citation .
31ème - LE BAL , d'Ettore SCOLA , césar 1984 : 02 points , 1 citation .
31ème - LA VIE RÊVEE DES ANGES , d'Erick ZONCA , césar 1999 : 02 points , 1 citation .
31ème - VENUS-BEAUTE (INSTITUT) , de Tonie MARSHALL , césar 2000 : 02 points , 1 citation .
31ème - TESS , de Roman POLANSKI , césar 1980 : 02 points : 1 citation .
Voilà , j'ai fait au plus vite selon mon temps disponible . Bonne lecture, et mes excuses par avance si certaines de mes opinions ne sont pas forcément en accord avec les vôtres : les échanges de points de vue seront de toute façon toujours utiles pour faire vivre ce forum !
Merci
pour votre patience !